Source de l’illustration: Archives diplomatiques, Bibliothèque diplomatique numérique, Carte particulière du royaume de Congo et de ce qui précède depuis le cap de Lopo par le Sr. d’Anville, 1731
Bien que la République du Congo bénéficie d’une histoire riche et intéressante, son passé est souvent méconnu. Ce pays d’Afrique centrale se nomme également le Congo-Brazzaville afin de mieux le distinguer de son pays limitrophe : le Congo-Kinshasa qui correspond à la République Démocratique du Congo (RDC). Le Congo est devenu indépendant de la France le 15 août 1960. Cependant, ce territoire a porté bien d’autres noms au fil du temps tels que le Congo français, le territoire du Moyen-Congo et la République populaire du Congo. Cet article se concentre sur l’époque précoloniale.
Les peuples de la forêt
Les Pygmées, un peuple de chasseurs-cueilleurs vivant dans la forêt primaire, sont considérés comme les premiers habitants de la région. Lors des croisières safari sur les fleuves du Congo, nous découvrirons les peuples autochtones (Pygmées) et leurs savoirs ancestraux. Au premier siècle avant notre ère, d’autres autochtones, les Bantous ont migré depuis le Nigéria actuel vers le bassin du Congo. Cela a entrainé la création du Royaume Kongo et du Royaume Batéké.
Royaume Batéké (XIIème-1892)
Ce royaume précolonial d’Afrique centrale disposait d’un grand territoire. Il s’étendait sur l’est de l’actuel Gabon, l’ouest de l’actuelle République du Congo et une partie de la République démocratique du Congo. Le terme Batéké fait référence au peuple des Tékés puisque le préfixe -Ba correspond au pluriel. Les Tékés, une population Bantoue, ont fondé le Royaume Batéké au XVIIème siècle qui était le rival du Royaume du Kongo.
La lignée des Makoko, qui signifie « roi », perdure encore aujourd’hui. La Capitale actuelle du royaume s’appelle Mbé. Il s’agit d’un village qui se trouve au Nord de Brazzaville. La reine, quant à elle, habite à Ngabé, sur les bords du fleuve Congo. Lors des croisières des Expéditions Ducret, nous nous arrêtons pour saluer la reine du Royaume Téké.
Le Royaume Téké ne se divisait pas en clans mais se basait sur la chefferie : chef de terre, seigneur, grand seigneur de la couronne et roi. L’unité sociale la plus importante devenait alors le village. La religion pour les Tékés se fait par la croyance aux esprits des ancêtres qui sont toujours présents avec les humains. En ce qui concerne l’Esprit Supérieur, il réside dans les falaises de la rivière Léfini. Le dieu Nkwe Mbali sert le roi et protège le royaume.
La société téké vivait de l’agriculture (maïs, manioc, arachide, tabac et raphia), de la pêche, de la chasse, de l’artisanat (poterie, tissage) et du commerce. Dès le XVIIIe siècle, l’arc et les lances sont remplacés par le fusil et le tissage a fortement diminué à cause des tissus importés. Par exemple, les tissus raphia étaient utilisés comme monnaie d’échange à l’ouest du royaume. Ensuite, le raphia sera remplacé par les tissus européens.
Reine du Royaume Batéké
Une des figure clef du royaume est la Reine Ngalifourou Ngassié, souveraine respectée et mère incontestée. Elle est née en 1864, a été intronisée Reine et a succédé à son époux le Roi Iloo Ier. Premier souverain téké, ce Makoko est réputé pour la signature avec Savorgnan De Brazza du traité qui a donné naissance à Brazzaville en 1880, puis à une Fédération de l’Afrique Équatoriale Française. Une conférence sur l’expédition Savorgnan de Brazza est prévue lors de la croisière.
L’actuelle reine est la petite fille de la première reine Ngalifouru qui nous a quitté en 1956. Elle a été inhumée l’année suivante. Suite à l’inhumation du 17e Makoko Auguste Nguempio en juillet 2021, la reine Ngalifourou Ngantsibi a nommé roi Michel Ganari Nsalou 2 le 20 novembre 2021. Il devient alors le 18e Makoko.
Royaume du Kongo (1390-1914)
Cette monarchie, dont l’histoire est liée à la République du Congo, a duré près de cinq siècles. Son territoire incluait la RDC, le Congo, l’Angola et le Gabon.
Le Manikongo est le chef politique des peuples kongos. Élu par des responsables administratifs nommés « bambuta », le roi du Kongo alias le « ntinu wa Kongo » était responsable du bien-être et de la sécurité de son peuple. Après son élection, il choisissait six gouverneurs pour les six provinces de l’empire.
Selon l’explorateur italien Filippo Pigafetta en 1591, les provinces sont les suivantes : Nsundi, Mbata, Mpangu, Mpemba, Mbamba et Soyo, tout en excluant les terres de Loango.
Royaume de Loango (1550-1883)
Le Royaume de Loango correspond aujourd’hui au sud gabonais et à une partie du sud-ouest du Congo. La région du Loango est perçue comme une entité politique indépendante du royaume Kongo.
Les 3 principales provinces du Royaume du Kongo : Nsundi, de Mpangu et Mbata
Cruciale, la province Nsundi a établi des relations étroites avec la maison royale. Son influence a inspiré un nom de maison royale qui apparaîtra après : la Maison des Nsundi. Quant à la province de Mpangu, son succès s’expliquait par son importance économique et sa stabilité. La province de Mbata symbolisait le poids politique du Royaume du Kongo : succession au trône, couronnement des rois, enterrement des rois… Perçue comme province sacrée, la tradition voulait que le roi du Royaume trouve une épouse originaire de Mbata. Les élites du Royaume étaient davantage fidèles au roi dans cette riche province en raison du revenu collecté par l’impôt.
Personnages historiques de la Monarchie du Kongo
Lukeni lua Nimi a gouverné la monarchie du Kongo dès sa création en 1390. Premier Manikongo, il a déclaré Mbanza Kongo capitale du royaume Kongo. Entre 1482 et 1506, le Manikongo converti au catholicisme nommé Jean Ier, dit Nzinga Nkuwu, a décidé de reprendre la spiritualité de son royaume.
Le Kongo a connu plusieurs dynasties : celle des Kwilu entre 1568 et 1622, celle de la Maison de Nsundi jusqu’en 1626, puis de nouveau les Kwilu jusqu’en 1636 et la Maison de Kinlaza jusqu’en 1665 où Antoine Ier du Kongo est devenu le dernier souverain indépendant du Royaume.
Les 7 Royaumes de Kongo dia Nlaza
Les 7 Royaumes de Kongo dia Nlaza correspondent à une confédération d’États d’Afrique centrale. Réputés pour leur production de tissu, ils se sont joints au Royaume du Kongo au début du XVIIème siècle. Les archives royales Kongo du XVIème sont la première preuve trouvée qui mentionne cette potentielle alliance de petites entités politiques. Cependant, il est probable que sa création date d’avant. Ensuite, une seconde preuve datant du XVIIème siècle nous apprend que ces 7 Royaumes s’appelaient également les « momboares ».
D’après l’explication d’un prêtre jésuite portugais, l’immense production de tissus ou de vêtements produits par ces 7 Royaumes étaient faite à base de raphia ou de palme. Leur qualité était telle que ces produits s’exportaient vers Luanda, soit l’actuel Angola, alors sous l’égide de la puissance coloniale portugaise. D’après les archives, les 7 Royaumes exportaient environ 100 000 mètres de tissu par an les classant parmi les plus grands producteurs mondiaux de textile à l’époque. Cet héritage historique n’est malheureusement peu connu mais décrit le fier et riche patrimoine des Congolais.
Guerre civile du Kongo (1665-1709)
Il existait une forte rivalité entre les familles royales du Royaume Kongo notamment parmi les partisans des Maisons Kinlaza et Kimpanzu qui ont fini par se confronter. Cette guerre civile a duré 44 ans. Le cadet des trois frères de la Maison d’Água Rosada a mis fin au conflit en négociant une rotation de la dévolution du titre royal entre ces deux maisons. En agissant de la sorte, il a réussi à réunir le royaume en 1709. Son nom était Pierre IV du Kongo. Ayant dirigé de 1709 à 1718, il a stipulé que le roi du Kongo devra être l’un des descendant des 3 Maisons entre Água Rosada, Kinlaza et Kimpanzu.
Qu’est-ce que la Maison d'Água Rosada ?
Son nom réfère au fleuve Congo et signifie « eau rose ». Il s’agit de la dernière lignée royale du Royaume du Kongo. Elle a duré du XVIIIème au XXème siècle.
Cette influence portugaise a changé le système dès 1888. En effet, cette année-là, Pierre VI du Kongo, le dernier souverain du Royaume Kongo, signe un traité de vassalité avec le Portugal. Il avait déjà prêté allégeance à ce pays en 1860 mais a petit à petit ouvert les portes de la colonisation portugaise. Son long règne a duré entre 1859 et 1891. À la fin, la région du Kongo est incluse à l’Angola portugais et dans l’État indépendant du Congo, qui est l’actuelle RDC.
Chute du Royaume du Kongo
Après la révolte de 1913-1914, le titre de « Roi du Kongo » disparaît sous une décision portugaise. La monarchie du Kongo a pris fin en 1914 avec Manuel III du Kongo, qui est devenu le dernier roi du Royaume du Kongo.
Pour plus d’informations, nous vous recommandons les sites suivants :
– Africa Museum raconte l’histoire du Royaume du Kongo de 1380 au XX siècle
– La Fondation du Royaume du Congo ses limites territoriales aux XVe et XVIe siècles
– L’Histoire du Congo lue dans les cartes géographiques, Fonds Documentaire du Centre ORSTOM de Pointe Noire, 1993 par Pierre RAT PATRON (agrégé de Géographie ayant passé un séjour d’un an et deux mois au Congo en 1992-1993) = un PDF 37 pages avec 30 cartes