Le peuple des forêts
Plus connus sous le nom « pygmées », les peuples de la forêt ou peuples autochtones vivent dans les forêts du bassin du Congo. Le terme « pygmée », est utilisé à partir de la fin du XIXe siècle lorsque les explorateurs commencent à pénétrer à l’intérieur du bassin central de l’Afrique. Il trouve son origine dans le mot vipugmaîos en grec ancien signifiant « haut comme le poing ». En anthropologie, les peuples pygmées définissent les groupes ethniques dont la taille moyenne est exceptionnellement faible. Les hommes adultes mesurent en moyenne moins de 150 cm.
Les peuples autochtones du Congo : les premiers habitants ?
Plus tard, ils ont été appelés par des noms locaux « Batwa, Bambuti, Babinga », qui ont été utilisés comme synonymes ou contigus aux « Pygmées ». Ce dernier terme, souvent considéré, comme péjoratif est aujourd’hui remplacé par le terme « peuple autochtone ». Ce terme trouve ses racines dans la lutte pour les droits des peuples indigènes d’Amérique latine. La question de savoir qui est ou qui n’est pas autochtone en Afrique fait également débat. Il fait référence à la catégorie des « premiers occupants ». Mais qui fut le premier occupant est bien plus difficile à établir en Afrique qu’en Amérique. On sait en effet que les tribus en Afrique, avant la colonisation, ont toujours migré pour différentes raisons. Il est donc difficile de qualifier certains d’entre eux de « premiers habitants ». Au Congo Brazzaville, l’utilisation du terme « Pygmée » est interdite. Il est considéré comme un délit d’insulte prévu et sanctionné par le Code pénal.
Les peuples autochtones : une multitude de groupes différents éparpillée dans tout le bassin du Congo
Les peuples autochtones sont souvent définis comme les habitants de la forêt du Bassin du Congo, nomades, de petite taille, vivant de la chasse et de la cueillette. Ces populations constituent en réalité une multitude de groupes différents éparpillée dans tout le bassin du Congo. La taille de ces groupes varie de plusieurs dizaines de milliers (Baka, Aka, Mbuti…) à moins de 500 (Bedzan). Ils vivent en général en contact étroit avec d’autres communautés non pygmées et partagent leur langue.
Résidant dans les zones forestières d’Afrique centrale et occidentale, les peuples autochtones cherchent toujours à préserver leur culture de la chasse qui existe depuis des milliers d’années. Ils sont composés actuellement d’environ 900 000 personnes, vivant en grande partie dans le bassin du Congo. De petites communautés existent également dans des pays voisins, comme le Rwanda, le Burundi et la Zambie.
Une culture vieille de 5 000 ans
Depuis des millénaires, ils parcourent la forêt de l’Afrique centrale avec arcs, filets ou sagaies, chassant et cueillant pour se nourrir, déménageant leur campement au grès des zones de chasse. Avec leurs voisins, les cultivateurs bantous, ils ont une relation de trocs, échangeant gibiers et produits de la cueillette contre outils et produits de nécessité, avant de retourner vivre en autarcie sous le couvert forestier.
Ils entretiennent une longue et difficile relation avec leurs voisins Bantous. La relation équilibrée de troc qu’ils entretenaient a été rompue à l’époque coloniale, au début du XXe siècle. Aujourd’hui les familles autochtones travaillent souvent pour le compte d’un bantou et la main-d’œuvre pygmée est utilisée pour répondre à la demande croissante de bois et de viande de brousse. Le bantou se chargera ensuite d’expédier la viande de brousse en ville.
Mode de vie des peuples autochtones (Pygmées)
Leur mode de vie a perduré pendant des siècles, puisque les ressources de la forêt équatoriale étaient suffisamment abondantes : du feuillage, ils érigeaient des huttes ; la chasse au pangolin, céphalophe – petite antilope –, singe, sanglier… leur offrait une alimentation carnée et les prunes sauvages appelées safou ainsi que des mangues et des noix sauvages agrémentaient leur quotidien. Leur connaissance des plantes leur permettait de faire face aux maladies. Peuple de tradition orale, danses et chants ont toujours accompagné leur mode de vie.
Vie traditionnelle des peuples autochtones
Les peuples autochtones vivent en groupe dont la taille varie de 15 à 70 personnes, en fonction de facteurs extérieurs – la disponibilité du gibier, les relations commerciales avec les communautés extérieures, la prévalence des maladies et l’étendue de la superficie forestière. Ces groupes sont traditionnellement nomades, se déplaçant vers de nouvelles parties de la forêt plusieurs fois au cours de l’année et transportant tous leurs biens sur leur dos. Leur mode de vie nomade permet au groupe de se déplacer en fonction de la disponibilité des ressources. Cette approche, associée à de faibles densités de population et à l’absence d’empiétement de la part d’étrangers, a historiquement permis aux populations d’animaux sauvages de se rétablir après qu’un groupe a abandonné une zone.
Un peuple semi-nomade du Congo
Lorsque les peuples autochtones établissent un campement temporaire, ils défrichent généralement les sous-bois, les petits arbres et les jeunes arbres, laissant intacts les arbres formant la canopée. Sous le couvert de la canopée, les habitants de la forêt sont protégés du soleil tropical intense et maintiennent un habitat pour les abeilles productrices de miel et le gibier. En laissant la canopée intacte, la zone peut rapidement redevenir une forêt saine et productive après leur départ. Leurs huttes ressemblent superficiellement aux igloos des Inuits du centre de l’Arctique, avec un treillis en forme de dôme formé de jeunes arbres et des murs de feuilles d’arbres recouvertes de bardeaux.
Une proximité avec les villages bantous
La plupart des habitants des forêts africaines passent traditionnellement une grande partie de l’année près d’un village où ils échangent de la viande de brousse, du miel et de la main-d’œuvre contre du manioc, des légumes, des produits métalliques et du tissu. Selon les anthropologues qui ont étudié la dynamique entre les peuples forestiers et les villageois, il est courant qu’une famille forestière établisse une relation symbiotique avec une famille villageoise sédentaire. Ces relations entre une seule famille forestière et une seule famille villageoise peuvent persister pendant des générations.
L’organisation des sociétés pygmées
Dans les sociétés autochtones, les rôles hommes femmes sont traditionnellement distincts. Les femmes font l’essentiel de la cueillette, à l’aide de paniers qu’elles portent sur leur dos. Les hommes se concentrent sur la chasse et la récolte du miel. Le miel est souvent le produit forestier le plus prisé et le plus recherché par les peuples autochtones. Ces derniers montent jusqu’à 30 mètres dans la canopée pour atteindre les ruches contenant du miel. Arrivés à la ruche, les grimpeurs brûlent du bois qui produit une fumée qui étourdit les abeilles, permettant de récolter le miel.
Le rôle de la chasse chez les pygmées
Les peuples autochtones dépendent de la chasse pour assurer leur principale source de protéines. Chaque groupe forestier a sa propre technique. Par exemple, les Efe chassent leurs proies presque exclusivement avec des arcs et des flèches. D’autres, utilisent à la fois des arcs, des flèches et des filets pour capturer leurs proies. Les BaAka sont peut-être les chasseurs au filet les plus connus. Les hommes BaAka les arrangent en demi-cercle pour former un mur, jusqu’à un kilomètre de long. Les femmes BaAka jettent le gibier dans les filets où les hommes utilisent des lances pour tuer les animaux.
Alors que les peuples autochtones ont généralement vécu dans les limites de la capacité de charge de l’écosystème local, le commerce croissant de la viande de brousse altère la durabilité des pratiques de chasse. La demande de viande de brousse augmente dans les villages, les centres urbains et même les marchés étrangers. Les peuples des forêts africaines sont parfois engagés comme pisteurs pour les braconniers d’éléphants.
Croyance de l'au-delà
Tout en préservant leur croyance en l’animisme en général, les Pygmées croient que tout dans la nature a un esprit ainsi qu’une existence matérielle et que chaque objet est contrôlé par un esprit.
Comme ils croient en l’au-delà et aux esprits de la présence de leurs ancêtres partout, ils cachent leurs défunts dans des écorces d’arbres ou des grottes. De plus, il est possible de croiser des musulmans et des chrétiens parmi les Pygmées qui sont entrés en contact avec la vie sédentaire ces dernières années.
L’avenir des peuples autochtones
Les migrations internes, l’exploitation forestière, la raréfaction des ressources dû à la sur-chasse, la confrontation avec le monde moderne ont entrainé une dégradation de l’habitat traditionnel et un changement des mentalités. Ces changements rapides entraînent une érosion rapide de la culture des peuples autochtones, adaptation difficile et un avenir à redéfinir.
Lien : https://www.geo.fr/voyage/centrafrique-etre-pygmee-aujourd-hui-162717